Baromètre France Num sept. 2025 - TPE-PME et numérique en 2025 : l’ère de l’IA et de la cybersécurité, entre promesses et paradoxes
Créé en 2018 par la Direction Générale des Entreprises, France Num est le programme national d’accompagnement à la transformation numérique des TPE et PME.
Son objectif : aider les entreprises à tirer parti des outils digitaux pour gagner en compétitivité, en visibilité et en efficacité. Chaque année, le Baromètre France Num mesure la perception et l’usage du numérique dans ces structures, offrant une photographie précieuse de leur maturité digitale.
Le rapport de septembre 2025, qui vient de paraître, met en lumière les progrès réalisés, mais aussi les contradictions qui demeurent : l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle, la persistance des vulnérabilités en cybersécurité, les reculs en matière de sobriété numérique et la difficulté récurrente à former les salariés.
Pour nous, enseignants d’économie-gestion, c’est une ressource de choix : un cas d’actualité qui permet d’illustrer les programmes de Terminale STMG (et notamment en SIG et MSDGN) comme les référentiels du BTS SIO, où les systèmes d’information sont étudiés à la fois sous l’angle technique et organisationnel.
1. Un numérique jugé bénéfique, mais pas magique
Près de huit dirigeants sur dix considèrent que le numérique est bénéfique à leur activité. Dans le détail, 40 % déclarent qu’il augmente leur chiffre d’affaires, mais seuls 34 % affirment qu’il améliore leur bénéfice net. Cette distinction, fondamentale en économie, rappelle que la croissance des ventes ne garantit pas mécaniquement une rentabilité accrue, en raison des investissements parfois lourds liés au numérique (logiciels, infrastructures, sécurité).
2. L’IA passe du buzzword à l’outil concret
C’est sans doute la donnée la plus frappante : 26 % des entreprises interrogées utilisent déjà des solutions d’intelligence artificielle, soit deux fois plus qu’en 2024. Les usages concernent principalement les IA génératives — chatbots, rédaction de contenus, création d’images — mais la tendance témoigne d’une diffusion rapide de ces outils.
Cet engouement pose une double question pédagogique : comment exploiter ces technologies de manière efficace et pragmatique, tout en développant un regard critique sur leurs limites et leurs impacts ? Les élèves et étudiants y sont directement confrontés, puisqu’ils travaillent sur la donnée, la prise de décision assistée par logiciel et la conception de solutions numériques.
3. Cybersécurité : vigilance renforcée mais vulnérabilités persistantes
Le baromètre révèle que plus d’un tiers des TPE-PME ont déjà subi un incident de cybersécurité. Les attaques les plus fréquentes sont le phishing (21 %) et les malwares (16 %). Si 84 % des dirigeants déclarent être équipés de solutions de cybersécurité, il s’agit majoritairement d’antivirus ou de sauvegardes externes. La formation des salariés reste, quant à elle, largement insuffisante.
Ce constat illustre parfaitement la différence entre moyens matériels et moyens humains de protection : on peut installer les meilleurs logiciels, mais sans sensibilisation des utilisateurs, les failles demeurent. Une réalité que nos étudiants en BTS SIO connaissent bien et que nos élèves de STMG SIG peuvent aborder à travers l’étude des risques liés aux systèmes d’information.
4. Sobriété numérique : un recul préoccupant
Alors que la sobriété numérique est au cœur des discours politiques et sociétaux, le baromètre montre un recul des pratiques : 58 % des entreprises déclarent réduire leur consommation énergétique, soit six points de moins qu’en 2024. Par ailleurs, un peu plus de la moitié recyclent leurs équipements, mais sans progression.
Cette contradiction est riche à analyser en cours : elle met en évidence la difficulté de concilier objectifs économiques et responsabilités sociétales. Un bon point de départ pour aborder la RSE en terminale STMG, ou encore les problématiques de « green IT » dans le cadre du BTS SIO et notamment en CEJMA.
5. Formation et compétences : l’éternel défi du temps
Si 70 % des dirigeants jugent leur entreprise compétente en numérique, seuls 20 % des salariés ou dirigeants ont suivi une formation spécifique en 2025. Le principal frein invoqué est le manque de temps (55 %).
Voilà un constat qui parlera autant à nos élèves qu’à leurs futurs employeurs : investir dans les compétences numériques est une nécessité, mais souvent repoussée. C’est l’occasion pour nous de rappeler en pédagogie la place du capital humain dans la compétitivité d’une organisation. Et peut-être de sourire 🙂 : dirigeants et étudiants semblent partager la même excuse, « je n’ai pas eu le temps », pour éviter un travail pourtant essentiel… 🙂
Idées de transversalité
Le Baromètre France Num 2025 illustre à merveille les paradoxes du numérique pour les PME : moteur de croissance et d’innovation, mais aussi source de vulnérabilités, de coûts et de contradictions environnementales. Pour nos classes, il constitue un support transversal idéal :
en Terminale STMG, il éclaire les notions de systèmes d’information, de décision, de sécurité et de finalité sociétale ;
en BTS SIO, il permet d’ancrer les compétences techniques (IA, cybersécurité, infrastructures) dans une réflexion économique et organisationnelle.
Scrollez encore un peu, le rapport complet vous attend gentiment en bas de page, et en plus c’est gratuit 😉
Belle découverte 😉
Mohamed Elouifaqi